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vendredi 22 avril 2016

génocide et stérilisation forcée

Colonialisme aux Amériques: génocide et stérilisation forcée des amérindiennes hier et aujourd’hui…

« La mise en esclavage d’enfants pour des travaux pénibles et comme  objets sexuels fut une caractéristique structurelle des pensionnats pour Indiens. Leur trafic fournissait une source de jeunes corps pour les cercles pédophiles et l’expérimentation médicale… »
« Le gouvernement avait une politique officieuse de stériliser les femmes Inuit après un certain nombre de naissance… Le volume croissant de littérature concernant la stérilisation des gens ‘du tiers monde’ indique que depuis 1980, environ un tiers des femmes aborigènes des états de l’ouest américain ont été chimiquement stérilisées par des vaccins dans une partie de programme de ‘santé publique’ tribale. Des études indépendantes ont aussi montrées l’utilisation d’agents stérilisants dans les sérums fournis par l’OMS et utilisés pour l’immunisation de femmes asiatiques, africaines et aborigènes contre la polio et autres maladies.. »
~ Murder by Decree, International Tribunal for the Disappeared of Canada, Mars 2016 ~
La perspective d’une femme Lakota Sioux sur la stérilisation forcée des femmes autochtones au pays du goulag levant (ex-USA) et ailleurs…
— Résistance 71 —

Peindre mes jambes en rouge

Ruth Hopkins

20 Avril 2016

url de l’article original:
http://indiancountrytodaymedianetwork.com/2016/04/19/painting-my-legs-red

~ Traduit de l’anglais par Résistance 71 ~

Pendant les années 1970, des récits de femmes autochtones étant stérilisées de force ont commencé à émerger. Dans ces cas, le consentement était inexistant. Certaines furent manipulées et trompées afin que le gouvernement puisse les stériliser. Les jeunes femmes amérindiennes vivant dans la pauvreté étaient menacées de la perte de leurs maigres avantages sociaux si elles refusaient de se faire stériliser, ainsi elles acceptaient de le faire. Dans d’autres cas, des femmes autochtones ne furent jamais questionnées pour savoir si elles autorisaient la procédure lorsque les médecins violaient leurs utérus à coup de scalpel. D’autres refusèrent la stérilisation, mais leurs organes reproducteurs furent sectionnés ou enlevés quoi qu’il en soit.
Le gouvernent fédéral n’a commencé à admettre la stérilisation de force des femmes autochtones qu’en 1976. Durant cette période, les femmes indigènes pauvres étaient le plus souvent dépendantes de l’Indian Health Service (IHS) pour les soins médicaux.
Une étude faite par le General Accounting Office des Etats-Unis a trouvé que des 12 régions de l’Indian Health Service, quatre d’entre elles ont stérilisé 3406 femmes autochtones sans leur permission entre 1973 et 1976 (NdT: cela représente environ 1100 femmes par an, près de 100 par mois ou plus de 3 par jour pendant 3 ans !!..), alors même qu’il y avait un moratoire judiciaire sur la stérilisation des femmes de moins de 21 ans, cela s’est malgré tout produit 36 fois en 3 ans.
Une étude plus approfondie a indiqué que les femmes autochtones avec une purité sanguine plus importante était plus ciblée pour la stérilisation forcée et à cette époque 1 femme autochtone sur 4 fut stérilisée par L’Indian Health Service sans aucune permission.
La vaste majorité des gens, y compris autochtones, semble totalement ignorante de ce chapitre macabre de l’histoire des Etats-Unis. La stérilisation forcée est ignoble, sans aucun doute. Comme tout le reste de ses sales petits secrets, l’état colonial impérialiste qui clâme le pouvoir absolu sur les nations et peuples indigènes et nous appelle ses “pupilles” n’admet que très très rarement tous les maux qu’il a commis (et commet toujours) contre nous. Le faire voudrait dire rectifier le fait que la toute dernière super-puissance est construite sur une terre volée et s’est formée sur le sang et les os de nos ancêtres assassinés. Vous ne trouvez absolument rien de tout cela dans les livres d’histoire d’écoles.
Certains disent que nous devrions oublier, aller de l’avant. Oui, nous sommes en 2016, mais tandis que nous nous tordons le bras pour des bienfaits de l’état fédéral, la dure et froide réalité de l’affaire est que le génocide n’est pas fini, qu’il continue, pas seulement au travers de la pauvreté et de la maladie (NdT: les populations amérindiennes modernes sont victimes de la malbouffe bon marché et sont décimées par le diabète, l’obésité et les maladies chroniques dûes à une pauvre alimentation, entre autre…) mais toujours de la stérilisation forcée.
Ces dernières décennies, les femmes indigènes du monde entier ont aussi été le point de focalisation de la stérilisation forcée. A Lima, au Pérou, juste la semaine dernière, des femmes se sont peintes les jambes en rouge et ont défilé dans les rues comme un troupeau pour protester la stérilisation forcée de 300 000 femmes péruviennes dans les années 1990. La plupart de ces femmes étaient pauvres et indigènes. Ces abus furent supervisés par l’ancien président péruvien Alberto Fujimori. Sa fille Keiko est maintenant la favorite des prochaines élections péruviennes. Elle affirme que seulement quelques milliers furent stérilisées de force. Ces femmes n’ont jamais reçu une quelconque compensation de la part du gouvernement péruvien.
Je sais pertinemment que la conquête des corps des femmes autochtones continue jusqu’à ce jour aux Etats-Unis aussi, non seulement les statistiques montrent qu’une sur trois d’entre nous sont violées de leur vivant ou que nous sommes sexuellement trafiquées vers les zones d’exploitation pétrolière, mais je le sais parce que j’ai moi-même aussi été stérilisé de force.
J’étais une jeune mère adolescente. J’ai utilisé la contraception, mais je suis quand même tombée enceinte juste après avoir mis au monde mon premier enfant. J’ai bossé pour que nous nous en sortions, j’ai travaillé comme femme de ménage et comme croupière de Black-Jack dans un casino de tribu. Mais j’étais toujours pauvre. Je vivais sur la rez (NdT: argaud, franc-parler pour le mot “réserve” [indienne] ), dans la cave aménagée d’une maison à deux chambres à coucher avec 13 autres personnes. Je mangeais une fois par jour si tout allait bien. Les couches pour enfants sont tellement chères. Après la naissance de mon second fils, l’Indian Health Service m’a dit que je devrai considérer une ligature des trompes.
Les infirmières utilisaient des mots comme “hyper-fertile” et bien que je ne fus pas certaine de ce que cela voulait dire, je savais que cela avait quelque chose à voir avec le fait que j’avais eu deux enfants si jeune et que ma grand-mère maternelle avait eu 11 enfants et ma grand-mère paternelle 8. On m’a amené à me faire sentir mal à l’aise vis à vis de moi-même, comme si j’étais un boulet pour la société. Des gens en blouse blanche et en costard-cravate me disaient que j’avais de la chance de recevoir une assistance médicale gratuite et même demander une coupe de glace post-natale me valait des regards de dédain. Remplie de doute et de méfiance, juste 24 heures après avoir donné naissance, je me suis soumise à la procédure. J’avais 20 ans. J’ai toujours avec moi la facture des frais médicaux de Medicaid détaillant chaque article jusqu’au point se suture, et montrant combien cela coûtait de me faire cela.
Ce qui s’est passé ensuite relève du miracle. Un an après l’opération, je suis de nouveau tombée enceinte. Epoustoufflé, le personnel de l’hôpital a examiné avec attention et émerveillement l’image ultrasonique, alors que mes trompes de fallopes, qui avaient été coupés, cautérisés et ligaturés, s’étaient apparemment reconnectées. J’ai donné naissance à une fille et je suis toujours fertile aujourd’hui. La très grande majorité des femmes autochtones qui ont été stérilisées de force n’ont pas été aussi chanceuses.
A chaque fois que les indigènes se plaignent des terribles problèmes auxquels nous devons faire sans cesse face, on nous dit invariablement “REMETTEZ-VOUS EN !” Ce que les gens de l’extérieur ne peuvent pas réaliser est que nous ne pouvons pas nous EN REMETTRE alors que ces problèmes sont récurrents, que personne ne les résoud et qu’ils persistent jusqu’à aujourd’hui. Nous sommes toujours là, luttant. On nous assassine toujours. Ils nous violent toujours. On nous attaque toujours, que ce soit au moyen des drogues, de l’alcool, des oléoducs ou des lois qui empêchent tout développement économique de nos communautés. Les guerres contre les Indiens n’ont jamais pris fin.
Ruth Hopkins (Sisseton Wahpeton & Mdewakanton Dakota, Hunkpapa Lakota) est écrivain, biologiste, bloggueuse, activiste et juge.

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